LES TIGRES DE TAMOUL, SENINGAL, le GOUVERNEMENT???

Publié le par ruber

Depuis des semaines, le Sri Lanka - ex-colonie britannique très jalouse de sa souveraineté - rejette les exhortations internationales, tout comme les appels des rebelles des Tigres de libération de l'Eelam tamoul, à une "pause" humanitaire dans sa lutte contre la rébellion. Plus de 6500 civils ont probablement été tués et 14.000 blessés depuis janvier, selon l'ONU, lorsque l'armée a lancé l'offensive "finale" dans un nord-est aujourd'hui dévasté. Un dernier carré de combattants des Tigres, commandé par Velupillai Prabhakaran, sont acculés sur une bande côtière de 10 km2. C'est là que celui que l'on surnomme "Tigre numéro 1" se terre, selon l'état-major sri-lankais. Invisible depuis 18 mois, il est depuis 37 ans à la tête de cette redoutable guérilla. En pleine débâcle, les séparatistes ont averti qu'une "famine était imminente" pour les personnes vivant dans la région du conflit en raison de la baisse des stocks de vivres "et du blocage délibéré des ravitaillements" par Colombo.


Mais la pression internationale s'accroît, tout comme les manifestations de la diaspora tamoule en France et dans les autres pays européens - Royaume-Uni, Suisse ou encore Norvège. Samedi, quelque 10.000 personnes, selon la police, ont ainsi défilé dans les rues de Paris pour dénoncer le "génocide" des Tamouls du Sri Lanka. Tee-shirts blancs frappés des slogans "stop au génocide du peuple tamoul" ou "peace not war", les manifestants se sont rassemblés sur la place du Trocadéro, au coeur de Paris, où a été érigée une tente abritant trois jeunes en grève de la faim depuis le 18 avril "jusqu'à la mort" ou "l'obtention d'un cessez-le-feu". Des manifestants agitaient le drapeau rouge des Tigres, pendant que des slogans fusaient : "Français aidez-nous, Sarkozy aidez-nous !"

Exode de civils


Pendant que les protestataires défilaient dans les rues, les Nations unies et le G8 sommaient les belligérants d'épargner les civils encore bloqués dans la zone des combats opposant l'armée et les rebelles tamouls. Depuis qu'a commencé lundi un exode massif de civils tamouls, l'ONU pense que plus de 100.000 personnes se sont échappées de la mince bande côtière. Mais il reste encore 50.000 civils retenus par les rebelles, s'alarment les Nations unies. Colombo les évalue à 15.000, servant de "boucliers humains" aux insurgés et affirme avoir "sauvé" 110.000 Tamouls qui ont fui la poche des Tigres depuis lundi, à la faveur de "la plus grande opération de libération d'otages dans l'Histoire".


Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est attendu la semaine prochaine au Sri Lanka et Paris fournira un hôpital de campagne pour les victimes du conflit entre l'armée et les rebelles tamouls, a annoncé vendredi le ministère sri-lankais des Affaires étrangères. Il aura été précédé par le responsable humanitaire de l'ONU, John Holmes, qui effectue ce week-end sa deuxième visite depuis février. Outre ses inquiétudes sur le plan de l'approvisionnement des civils, il compte fermement "voir les populations dans les camps (de rétention) et me rendre compte de la manière avec laquelle est géré l'afflux soudain de gens sortis de la zone des combats".



La Croix-Rouge «impuissante»

Mais aucune information fiable ne filtre de cette région coupée du monde, à laquelle seule la Croix-Rouge a accès. Celle-ci s'était déclarée impuissante face à "une catastrophe humanitaire inimaginable" en avertissant que "les gens étaient abandonnés à leur sort". (Ecouter le témoignage de notre envoyé spécial Arnaud Vaulerin)

Mercredi, pour la première fois, le Conseil de sécurité de l'ONU avait exhorté les belligérants à épargner les civils. Le secrétaire général Ban Ki-moon a dépêché ce samedi à Colombo son chef de cabinet, Vijay Nambiar.

Tous les dignitaires étrangers qui se sont succédé au Sri Lanka depuis fin avril s'y sont cassés les dents. L'ex-colonie britannique, sourcilleuse sur sa souveraineté, a rejeté tous les appels de la communauté internationale -surtout des Occidentaux- à un cessez-le-feu et à un accès humanitaire au théâtre du conflit.


Lundi matin 18 mai 09, les Tigres ont perdu leur fondateur et commandant suprême, Velupillai Prabhakaran, 54 ans. Invisible depuis dix-huit mois, il a tenté, selon des sources militaires, de s’enfuir à bord d’une ambulance en compagnie de deux lieutenants. Tombé dans une embuscade, il a été tué par l’armée.

« Tigre numéro un », comme l’appelaient ses troupes, dirigeait l’insurrection qui se battait depuis 1972 pour un État tamoul indépendant dans le nord et l’est. Ses 20 000 combattants, hiérarchisés comme au sein d’une armée régulière, régnaient en 2006 sur un tiers des 65 000 km2 de l’île.

Velupillai Prabhakaran avait monté une armée de terre, une marine et même une armée de l’air, et disposait d’un puissant réseau de collecte de fonds grâce à la diaspora tamoule en Occident. Il était devenu tristement célèbre en 1987, lors d’attaques meurtrières contre l’armée indienne venue aider celle de Colombo. En mai 1991, en recourant à l’attentat-suicide, les Tigres assassinaient le premier ministre indien Rajiv Gandhi puis, en mai 1993, le président sri-lankais Ranasinghe Premadasa.

Publié dans OUVERTURE AU MONDE

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